Ce mois-ci, pour l’atelier d’écriture, notre thème était le tabou. Ce qui m’a fait réfléchir. De quel tabou je sui prisonnière? Grosse question?
Je me suis donc propulsée ailleurs que dans mon moi. Qu’est-ce qui rend mal à l’aise les gens autour de moi? Encore un grand questionnement… Finalement, après mûres réflexions, je me suis arrêtée sur cette satanée ménopause qui me poursuit depuis 3 ans. Voici donc le texte original, sans pudeur et sans honte. Et sans tabou. Pour la suite, le défi du mois, j’ai choisi d’aborder le thème du rouge (tsé, comme dans « sang »), mais de façon positive et joyeuse.
Elle se sang
Elle est sang
Ç’a n’a plus de bon sang, qu’elle se dit
Ça va durer combien de temps encore
Elle qui a toujours aimé les héros sanguinaires
Elle est devenue elle-même une héroïne sanguine
Son utérus est digne d’Attila, de Gengis et d’Alexandre
Mais c’est SON sang qui coule, pas celui de ses ennemis
Des recherches lui ont révélé que des règles abondantes signifient 7 cuillères à soupe en 4-5 jours
Elle en rit rouge…
Elle perd ça en 1 heure dans les jours d’abondance
Et ces jours sont nombreux
Elle n’en peut plus, ne se peut plus
Et, dans le vocabulaire médical, on parle de ménorrhagie
Elle dit « des ostis d’hémorragies »
Ça fait plus dramatique
Ça attire la sympathie
Pendant longtemps, elle riait des bonnes femmes qui se plaignaient de leur ménopause
Voyons donc, ça se plaint pour rien, qu’elle se disait
Ça doit vraiment pas être si pire que ça
Aujourd’hui, c’est comme si elle avait offensé les déesses, ou les sorcières des Femmes ménopausées
Elle paie le prix d’avoir ri des autres
Les bouffées de chaleur? Les sautes d’humeur? La sécheresse vaginale? Non, pantoute…
Rien de ça
Comme si tous les symptômes normaux se sont concentrés sur les hémorragies
Elle se réveille souvent le matin
Le tampon non seulement imbibé
Mais les jambes en sang
Comme si elle s’était auto-mutilée généreusement
Comme si elle a vraiment le goût de voir encore plus de sang
Elle songe investir dans la compagnie Tampax
Question d’avoir un certain retour sur son investissement
Sans compter le nombre incalculable de p’tites culottes achetées et jetées tout aussi tôt
Parce qu’inutilisables, trop tachées
Heureusement que les draps sont noirs dans son lit, ça parait moins
Tout ce sang, c’est l’enfer
C’est épuisant comme ça ne se peut pas
Perdre des cuillérées de sang à l’heure
Ça t’épuise
Ça l’épuise
Et ça l’écœure
C’est la valse des étourdissements, des nausées, des crampes
Une valse lente, éclaboussante
Une valse dont elle se passerait
Et qui dure depuis 3 ans
C’est long
Ç’a en fait des gallons de rouge
Elle en vient à se cacher
Faudrait pas déborder sur la chaise d’amis chez qui elle soupe
Faudrait pas gâcher le matelas de la parenté chez qui elle pourrait dormir
Non…
Il n’y a pas juste la pandémie qui l’isole
Il y a cette honte de laisser sa trace un peu partout
Vivre dans le rouge
Vivre dans le rouge, ce n’est pas toujours horrible.
Bon, il y a l’expression « Je suis dans le rouge », mais ça, je n’y pense pas trop. Il y a quelques années, j’ai décidé de ne pas me laisser envahir par des angoisses financières. J’ai de l’argent, parfait. Je n’en ai plus? Bof, je m’organise.
Quand je pense à rouge, je vois tellement d’images.
- Moi, petite, dans l’auto avec mes parents le 24 décembre, à scruter le ciel dans l’espoir d’apercevoir le traineau du Père-Noël (avec, bien sûr, tous mes cadeaux), mais surtout, le nez rouge du P’tit renne
- Les pommes rouges imprimées sur une de mes nappes, une de mes préférées, celle que je sors souvent lors de soupers de famille ou entre amis. Bon… elle a servi pendant la dernière année, mais pas pour des groupes. Mais j’aime ces pommes rouges, elles me réconfortent, et si on y échappe du vin rouge, pas grave… ça ne paraît pas trop
- Parlant de vin rouge. Ça aussi…. Mon verre de rouge, le weekend, m’apporte réconfort et relaxation. Encore là, même si je le savoure pas mal en solo cette année, j’ai passé un nombre incalculable d’heures en Zoom-péro avec famille et amis, à partager un verre et discuter.
- Rouge, comme mon « Brie baker »… rouge passion, parce que j’aime le fromage de façon quasi-irrationnelle. Plus ça sent fort, plussssse que c’est bon! Et du Brie fondu, avec de l’ail, des fines herbes fraîches, des noix, name it… tout est bon. Et tellement cochon!
- Rouge, comme les roses rouges que je ne reçois plus, parce que pas d’amoureux. Mais je me dis que je pourrais m’en offrir. Comme dans, Moi je m’aime!
- Rouge comme les tomates, un de mes aliments préférés. Je dis « aliment » parce que, franchement, je me perds dans ce débat à savoir si c’est un fruit ou un légume. Je m’en fous. C’est bon, point à la ligne. En sauce à spagh, avec des avocats et de la coriandre – la guacamole, la tarte aux tomates que ma mère faisait, la salade tomates-bocconccini-basilic, la gaspacho (encore là, de ma mère)
- Rouge comme le feu de circulation. Qui parfois m’énerve, surtout quand je suis en retard pour arriver quelque part. Mais qui parfois est bienvenu. Après un long trajet en autoroute, on l’aime dont, ce premier feu de circulation qui nous permet de relâcher la tension des jambes!
Et je pourrais continuer longtemps. Il y a du rouge, du beau rouge, partout autour de moi… pas seulement ces satanées hémorragies!
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